Noëmi Waysfeld & Blik

Noëmi Waysfeld & Blik

A l'horizon de Noëmi Waysfeld et de son groupe Blik (« regard », en yiddish) : L'Est, les chants des sthtels, les mélodies poignantes des prisonniers sibériens . Mais s'ils transportent des images chargées d'émotion et d'histoire, pas question pour autant de tomber dans les clichés : le groupe construit et déconstruit les thèmes russes et yiddish , pour parler au cœur et à l'intelligence.
Quitte à défriser les puristes, Noëmi Waysfeld & Blik fait souffler un vent juvénile sur les nouvelles musiques juives, quelque part entre les rondes mystiques de David Krakauer , le grain de folie iconoclaste de Yom et le chant théâtral d'Ella Fitzgerald.


Elles sont rares, les chanteuses capables d'éprouver, et de faire transparaître, l'émotion en dehors de sa langue maternelle ; en l'occurrence, le yiddish et le russe. Noëmi Waysfeld conte, déclame, exhibe des textes nourris de révolte et d'espoir. Elle évoque aussi bien la prestance de Barbara, l'émotion de la Russe Elena Frolova, l'attitude de Brassens et, de loin, la voix d'Ella Fitzgerald – grâce à une raucité hors du commun. Parfois elle déclame, plus tard elle repose, souvent elle exploite le cri de ces chansons.

Les garçons de Blik, la suivent, l'emmènent, virevoltent. Il y a là Antoine Rozenbaum, à la contrebasse, instrument dont il a approfondi l'usage à l'American School of Modern Music et au Conservatoire. Comme un symbole, Antoine et Noëmi se sont rencontrés lors d'un stage commun... à la Maison de la Culture Yiddish. ils forment désormais le noyau dur du groupe, incarnent sa vision. Se sont joints à eux un guitariste globe-trotter, Florent Labodinière, et ses cordes sans frontières (le oud ou le bouzouki, qu'il a appris à maîtriser en situation, au Maroc, notamment) et un accordéoniste catégorie surdouée, Thierry Bretonnet, ancien élève de Marcel Azzola.
Cet équipage hétéroclite, mais très soudé, développent ensemble leur art du croisement, manipulant sans cesse le génome du klezmer contemporain.

Leur credo : faire exploser les codes, en prenant des libertés bienvenues sur le carcan des gammes, en faisant voyager dans les steppes le Oud de Méditerranée, en imaginant le jazz moderne débarquer dans un village Polonais des années 20.

Un côté ébouriffé qui permet au groupe de se réapproprier comme personne les chants traditionnels des shtetls ou le « blues du goulag » né dans les confins peu riants de l'ex Urss et sauvegardé pour l'éternité par Dina Vierny.