Vinicio Capossela

Vinicio Capossela

Le Rebetiko provient d'une catastrophe, d'une crise et d'une énorme migration. Il porte en lui-même le chromosome de l'émeute et de la révolte individuelle.
C'est une musique qui vient d'en haut, à partager autour de la table, comme l'Eucharistie.
C'est aussi la musique de l'absence. Absence de celui qui reste, de celui qui n'est pas parti et qui souffre du départ de l'autre. Ainsi, le Rebetiko, ce sont les ports, les gares et les lieux où nous disons ou on nous a dit « au revoir ». C'est une musique de blessure et de cicatrice. Elle nous fait sentir ce qui se trouve de l'autre côté de la vie, ce que nous aurions pu être, nos échecs. Et dans le même temps, elle n'évite pas la douleur qui ne peut être supportée qu'avec une discipline de gymnaste. Elle a besoin de la pratique, d' intégrité, d'application, de force et de virtuosité, comme dans un exercice aux anneaux. "Rebetiko Gymnastas" défie un tas de vieilles chansons afin de pratiquer une nouvelle façon de vivre et de jouer. Musicalement parlant, ce sont de fortes épices qui viennent de l'Est qui peuvent rester sagement à leur place. De vieux airs qui portent le survêtement et retournent à leurs sièges.
Le concert des Gymnastes du Rebetiko est une Odyssée qui se termine dans un port. Chants de ressac et de taverne: rebetiko, morna, boléro, musique retournée par les vagues. Des chansons qui changent de langue et de costume, tout en conservant leur émotion originale.